Ici, vous allez rencontrer des femmes et des hommes qui ont traversé la violence conjugale ou intrafamiliale.
Victimes ou auteurs, toutes et tous ont été accompagnés par notre association J’ai compris, j’agis.
Et toutes et tous ont trouvé le courage de raconter une part de leur histoire.

Ils partagent leurs peurs, l’emprise, la solitude… mais aussi ce moment où quelque chose bascule : une main tendue, une prise de conscience, un soutien.
Puis vient la reconstruction. Pas à pas. À leur rythme.
Leur message est profondément humain :
oui, on peut s’en sortir. Oui, une vie plus douce, plus libre, peut renaître après les violences.

Pour témoigner, chacun a choisi un objet symbolique qui a marqué cette période.
Dans leurs récits, cet objet devient une voix : une mémoire, un témoin, parfois une délivrance.

Les photographies ont été réalisées par Andrea Musso et Anna Chrul.
Elles ne sont pas libres de droit : toute utilisation des images ou des témoignages sans l’accord de l’association et des personnes concernées est strictement interdite, sous peine de poursuites.

Ce projet a été initié et porté par Linda Fedrigo, fondatrice et présidente de l’association.

Prenez le temps de les découvrir.
Ces histoires sont des éclats de vie.
Des cicatrices. Des renaissances.
Et elles méritent toute votre attention.

Elodie, 29 ans

« Lorsque je repense à ma relation avec Mathieu, une vague de tristesse m’envahit. Nous avons commencé à sortir ensemble avec beaucoup d’espoir, pensant construire quelque chose de solide. Au début, tout semblait normal, mais les choses ont pris une tournure sombre lorsque Mathieu a commencé à exercer un contrôle total sur moi, utilisant la violence matérielle, psychologique et verbale.

Mathieu a commencé par prendre le contrôle de notre argent commun. Il gérait toutes nos finances, me donnant juste ce qu’il estimait nécessaire pour les dépenses quotidiennes. Il gardait la plupart de l’argent pour lui, prétendant que c’était pour des raisons de sécurité. Chaque fois que je voulais acheter quelque chose pour moi, il me le reprochait, me faisant sentir que je gaspillais notre argent. J’étais constamment inquiète de ne pas avoir assez pour couvrir mes besoins de base.

La violence psychologique a commencé à s’intensifier lorsque Mathieu a commencé à manipuler mes émotions. Il me critiquait constamment, soulignant chaque défaut et erreur, même les plus mineures. Il me faisait sentir que j’étais incapable et que je ne valais rien. Ses remarques étaient souvent déguisées en “conseils” ou en “critiques constructives”, mais elles étaient profondément destructrices pour mon estime de moi.

Les violences verbales étaient une partie constante de notre quotidien. Mathieu avait l’habitude de m’insulter et de me rabaisser lors de nos disputes. Il me traitait de « bonne à rien » et de « déficiente », des mots qui résonnaient comme des coups. Ces insultes me laissaient dans un état de confusion et de détresse émotionnelle. J’avais l’impression que chaque mot dégradant était une attaque directe contre ma dignité.

Les violences matérielles se manifestaient également lorsque Mathieu détruisait des objets dans la maison pour me punir ou exprimer sa colère. Il brisait des choses qui avaient de la valeur pour moi, comme des souvenirs de famille ou des objets personnels. Chaque destruction était une manière de me rappeler qu’il avait le contrôle sur tout, y compris sur les choses qui étaient importantes pour moi.

Je vivais dans une peur constante, me sentant pris au piège dans une spirale de contrôle et d’humiliation. Je m’efforçais de faire plaisir à Mathieu, espérant éviter les conflits, mais cela ne faisait qu’aggraver la situation. La honte et la culpabilité m’empêchaient de parler à quelqu’un de ce que je vivais, pensant que c’était peut-être de ma faute ou que j’étais trop sensible.

Il a fallu beaucoup de courage pour chercher de l’aide. Une amie proche a remarqué les signes de détresse et m’a suggéré de contacter une association spécialisée. Leur soutien a été un tournant crucial. Ils m’ont aidée à comprendre que les abus que je subissais n’étaient pas normaux et que j’avais le droit de me protéger.

Avec leur aide, j’ai commencé à faire le tri dans ma vie. J’ai pris des mesures pour me séparer de Mathieu et retrouver mon indépendance. L’association « J’ai compris, j’agis » m’a également offert un soutien psychologique continu pour m’aider à surmonter les effets des violences psychologiques et verbales. Aujourd’hui, bien que le chemin soit encore difficile, je reconstruis ma vie sur des bases plus saines. Grâce à l’aide précieuse de l’association, je retrouve peu à peu ma confiance en moi et je reprends le contrôle de ma vie. Je sais maintenant que je mérite d’être respectée et que je peux vivre sans avoir peur. »

 

Un mot de l’objet : « Je suis le canapé sur lequel Élodie passait de longues heures, souvent contre son gré. Je n’étais pas seulement un meuble, j’étais un témoin silencieux de chaque chute, chaque coup qu’elle encaissait. Combien de fois ai-je amorti son corps, lorsqu’elle s’effondrait sous la violence des coups de son compagnon ? Il la frappait avec une rage incontrôlable, et je la recevais, essayant de lui offrir un minimum de répit dans cet enfer. Je me souviens des soirs où elle s’asseyait sur moi après avoir été jetée au sol. Son corps endolori trouvait un peu de soutien contre mes coussins, mais rien ne pouvait apaiser sa douleur intérieure. Chaque coup laissé sur sa peau n’était qu’une partie de ce qu’elle subissait. Il la frappait aussi avec des mots, la dévalorisant sans cesse. « Inutile », « bonne à rien », disait-il. Chaque insulte la frappait aussi fort que ses poings. Elle restait là, recroquevillée sur moi, ses larmes silencieuses marquant le cuir ou le tissu. »

Maxime, 38 ans

« Je n’ai jamais pensé que je pouvais être victime. En tant qu’homme, je me disais que je devais être fort, que ce genre de choses ne m’arriverait jamais. Mais avec Claire, tout a dérapé. C’était une histoire d’amour qui a viré au cauchemar, et je me suis retrouvé pris dans une spirale de violences, de menaces, et d’isolement.

Au début, Claire semblait parfaite. Elle était attentionnée, douce, et pleine de vie. Nous avions des projets ensemble, une maison, peut-être des enfants. Mais petit à petit, son comportement a changé. Les premières disputes étaient verbales, comme dans beaucoup de couples, mais rapidement, les insultes sont devenues plus violentes. Elle me rabaissait constamment, me faisant sentir que je n’étais jamais assez bien. Elle critiquait tout ce que je faisais, de la manière dont je m’habillais à mon travail, me disant que j’étais un raté, que sans elle, je ne valais rien.

Puis sont venus les coups. Au départ, elle me bousculait simplement pendant les disputes, mais rapidement, c’est devenu bien plus brutal. Une fois, après une dispute sur un simple retard, elle a perdu tout contrôle et m’a frappé au visage avec une telle violence que j’ai cru que ma mâchoire était cassée. J’étais sous le choc, incapable de réagir. Je n’avais jamais pensé qu’une femme pouvait lever la main sur moi. Mais elle l’a fait. Et ce n’était que le début.

Claire a commencé à me frapper régulièrement. Souvent, c’était après des disputes qu’elle provoquait pour des broutilles. Si je lui tenais tête, elle se jetait sur moi, me frappant de toutes ses forces. Elle me lançait des objets, brisait des assiettes, des verres, tout ce qu’elle trouvait à portée de main. Mais le pire, c’était les menaces. Chaque fois que je parlais de partir, elle devenait folle. Elle me disait que si je la quittais, elle me retrouverait et me tuerait. Elle menaçait même de s’en prendre à ma famille, à mes proches, si je parlais à qui que ce soit de ce qui se passait chez nous.

Je vivais dans la terreur constante. À chaque fois que je pensais fuir, quelque chose m’arrêtait. Elle contrôlait tout, y compris mes finances. Je n’avais plus aucun accès à mon compte bancaire, elle gérait tout sous prétexte que j’étais “incompétent”. Elle vérifiait mes appels, mes messages, mes sorties. Elle me coupait du monde. Je me sentais piégé, incapable de voir une issue.

Un soir, après une nouvelle menace de mort, j’ai compris que si je ne faisais rien, je ne sortirais peut-être jamais vivant de cette relation. Claire était de plus en plus instable, et je voyais la haine dans ses yeux chaque fois qu’elle me frappait. Elle ne se contentait plus de me faire mal physiquement, elle jouait aussi avec mon esprit, me faisant croire que tout était de ma faute.

J’ai pris mon courage à deux mains et, alors qu’elle était absente, je suis parti. J’ai couru chez un ami et je lui ai tout raconté. Il m’a convaincu de porter plainte, et c’est ce que j’ai fait. Ce fut l’une des décisions les plus difficiles de ma vie, mais aussi la plus libératrice.

La gendarmerie a pris ma plainte au sérieux, et ils m’ont mis en contact avec une association d’aide aux victimes. Ils ont été mon bouclier. Grâce à eux, j’ai pu obtenir une ordonnance restrictive contre Claire. Ils m’ont soutenu à chaque étape, m’aidant à comprendre que je n’étais pas seul, et surtout que je n’avais pas à avoir honte d’être une victime.

Aujourd’hui, même si les souvenirs de cette période sont encore douloureux, je me reconstruis. C’est un processus long et difficile, mais je sais maintenant que je mérite mieux. Grâce à l’association « J’ai compris, j’agis », j’ai retrouvé une liberté que je pensais perdue. Je n’ai plus à vivre dans la peur, et chaque jour est une petite victoire. »

 

Un petit mot de l’objet : « Je suis le téléphone portable de Maxime, et je représente bien plus qu’un simple appareil. Dans un moment de souffrance intense, alors qu’il était victime de violences horribles, j’ai été le lien fragile entre la vie et la mort. La brutalité de sa femme avait laissé plus d’une trentaine de brûlures sur son corps, chacune témoignant de sa douleur insupportable. Alors qu’il se sentait affaibli, avec le sang coulant sur sa peau et les larmes glissant sur ses joues, il savait qu’il devait agir. Dans cet état désespéré, Maxime a réussi à me faire appel à distance, un véritable miracle. Grâce à ma reconnaissance vocale, j’ai réagi à sa voix tremblante, captant l’urgence de sa situation. Même si la douleur le submergeait, il a rassemblé ses forces pour prononcer les mots qui pourraient lui sauver la vie. Lorsque j’ai activé la connexion avec les secours, chaque seconde comptait. Il sentait le sang s’écouler, sa souffrance était palpable. »

Sophie, 35 ans

« Quand j’ai rencontré Thomas, je croyais avoir trouvé l’homme de ma vie. Il était charmant, attentionné, et je me sentais en sécurité avec lui. Il avait cette façon de me regarder, comme si j’étais la seule femme au monde. Je n’avais jamais été aussi heureuse. Mais peu à peu, ce regard plein d’amour s’est transformé. C’était subtil au début, presque imperceptible. Des petites critiques, des remarques qui semblaient anodines, mais qui, en réalité, me faisaient me sentir insignifiante.

La première fois qu’il m’a frappée, c’était après une soirée chez des amis. Il avait trop bu, et on s’était disputé sur le chemin du retour. Je ne me souviens même plus du sujet de la dispute, mais je me souviens très bien du moment où sa main a frappé ma joue. Le choc. La douleur. Et puis, surtout, l’incrédulité. Ça n’était pas possible. Ce n’était pas lui. Pas l’homme que j’aimais. J’étais pétrifiée, incapable de bouger. Il s’est excusé presque immédiatement, en pleurant, me jurant que ça ne se reproduirait jamais. Je l’ai cru.

Mais ça s’est reproduit. Encore et encore. Chaque fois, c’était la même chose. Une dispute, un coup. Parfois une gifle, parfois un coup de poing. À chaque fois, il s’excusait après, me promettant que c’était la dernière fois. Et moi, je voulais tellement y croire. Je me disais que c’était de ma faute, que je devais faire plus d’efforts pour éviter de le mettre en colère. Je vivais constamment dans la peur, surveillant chaque mot, chaque geste, de peur de déclencher sa rage.

Un jour, il a franchi une limite que je n’aurais jamais cru possible. On était en vacances, loin de chez nous. Il avait encore bu et s’est mis en colère parce que je n’avais pas pris de photos de lui à la plage comme il l’avait demandé. Cette fois-là, il ne s’est pas contenté de me frapper. Il m’a jetée contre le mur si violemment que j’ai perdu connaissance. Quand je me suis réveillée, il était assis à côté de moi, me regardant comme si de rien n’était. Il m’a dit que c’était de ma faute, que j’avais exagéré, que je l’avais provoqué. À ce moment-là, quelque chose en moi s’est brisé.

Je voulais partir, mais je ne savais pas comment. Il me contrôlait totalement. Il savait où j’allais, qui je voyais, il avait accès à mes comptes bancaires. Je ne pouvais rien faire sans qu’il le sache. Et puis, il y avait la honte. Comment pouvais-je admettre que j’étais une femme battue ? Comment pouvais-je le dire à mes proches, à ma famille ? J’avais peur qu’ils me jugent, qu’ils ne comprennent pas pourquoi je ne l’avais pas quitté plus tôt.

Le jour où j’ai finalement trouvé le courage de partir, il avait dépassé toutes les limites. Il m’avait frappée si fort que j’ai cru que j’allais mourir. Je me souviens avoir pensé, allongée sur le sol, que si je ne faisais rien, il finirait par me tuer. C’est ce qui m’a poussée à agir. J’ai attendu qu’il parte au travail, j’ai rassemblé quelques affaires et je suis partie sans me retourner. J’ai trouvé refuge chez une amie, et c’est elle qui m’a convaincue de contacter l’association « J’ai compris, j’agis ».

L’association a été mon point de repère. Ils m’ont écoutée sans me juger, m’ont aidée à comprendre que je n’étais pas coupable de ce que j’avais vécu. Ils m’ont guidée dans mes démarches juridiques, m’ont apporté un soutien psychologique qui m’a permis de me reconstruire petit à petit. C’était un processus long et douloureux, mais à chaque étape, je sentais que je reprenais le contrôle de ma vie.

Aujourd’hui, je suis libre. Libérée de lui, mais aussi de la culpabilité qui m’a si longtemps rongée. Je sais maintenant que je mérite d’être respectée, d’être aimée sans violence, sans peur. Et même si les cicatrices émotionnelles sont toujours là, je peux enfin dire que je suis en paix. Je n’ai plus peur de vivre, plus peur de me reconstruire. J’ai trouvé la force de tourner la page, et je veux dire à toutes les femmes qui vivent ce que j’ai vécu qu’il y a de l’espoir. On peut s’en sortir. Il suffit de faire le premier pas. »

 

Un mot de l’objet : « Je suis la chaise en bois de Sophie, un meuble ordinaire, mais j’ai été le témoin d’une douleur inimaginable. Pendant trop longtemps, j’ai été le cadre de violences répétées, servant de point de chute pour les coups de son copain. Chaque impact résonnait à travers mes lattes, et j’ai porté le poids des cris étouffés et des larmes silencieuses. Un jour, l’horreur a atteint son paroxysme. Il a utilisé ma structure pour infliger une douleur atroce à Sophie, la frappant avec une intensité qui l’a laissée inconsciente. Ce moment, où la violence a pris le dessus, a marqué un tournant tragique dans sa vie. Lorsque Sophie s’est réveillée à l’hôpital, elle a compris qu’elle devait briser le cycle de la violence. Cette expérience a été un catalyseur pour elle. Dans cet environnement de soins, elle a trouvé l’aide dont elle avait besoin pour se reconstruire. »

Raphael, 40 ans

« Je n’aurais jamais imaginé que ma vie prendrait un tel tournant. Ma relation avec Isabelle avait commencé de manière idyllique. Nous avions des projets, nous nous aimions profondément, ou du moins c’est ce que je croyais. Tout a changé lorsque Isabelle a commencé à me faire subir des violences sexuelles sous prétexte de passion et de désir.

Au début, les avances étaient subtiles. Elle me disait que le sexe devait être un acte de connexion et d’intimité, et je pensais que ses demandes étaient normales. Mais peu à peu, elle est devenue de plus en plus insistante et exigeante. Elle me demandait de participer à des jeux sexuels auxquels je ne consentais pas, et chaque fois que j’exprimais mon inconfort, elle me reprochait de ne pas être assez viril ou désireux.

La situation s’est détériorée lorsqu’Isabelle a commencé à me forcer à avoir des relations sexuelles même lorsque je n’étais pas d’humeur ou que je ne le désirais pas. Il n’y avait aucune place pour le consentement dans notre relation. Elle me faisait des remarques dégradantes et me manipulait émotionnellement pour obtenir ce qu’elle voulait. La violence était souvent accompagnée de menaces implicites ou explicites, et je me sentais pris au piège.

Je me souviens d’un soir en particulier où, après avoir exprimé mon refus, Isabelle est devenue particulièrement violente. Elle m’a humilié en public, me traitant de lâche et me forçant à accepter ses avances devant des amis. Je me sentais tellement dévalorisé et impuissant que j’ai commencé à croire que j’étais responsable de son comportement.

Les conséquences émotionnelles de cette violence ont été dévastatrices. J’avais perdu ma confiance en moi, je me sentais honteux et coupable de ne pas pouvoir mettre fin à cette situation. Je vivais dans une peur constante, sans savoir comment échapper à cet enfer. Mes amis et ma famille ne savaient rien de ce que je traversais, et je n’osais pas leur parler de ma douleur.

Finalement, après une période d’intense réflexion et de prise de conscience, j’ai décidé de chercher de l’aide. J’ai contacté une association de soutien aux victimes de violences sexuelles, et cela a été un tournant dans ma vie. Leur aide m’a permis de comprendre que ce que j’avais vécu n’était pas de ma faute. Avec leur soutien, j’ai porté plainte contre Isabelle, ce qui a été un acte de libération et de revendication de ma dignité.

La réhabilitation a été un chemin semé d’embûches, mais j’ai eu le soutien constant de l’association « J’ai compris, j’agis » qui m’a aidé à traverser le processus judiciaire et à entamer une thérapie pour traiter les traumatismes. Aujourd’hui, même si le chemin de la guérison est encore long, je me sens plus fort et plus déterminé à reconstruire ma vie. Je sais que je mérite de vivre sans violence et de retrouver ma liberté. »

 

Un petit mot de l’objet : « Je suis l’horloge qui rythmait chaque instant des journées de Raphaël. Chaque tic-tac semblait lui rappeler le poids du temps qui s’écoulait, sans que rien ne change. Quand les violences sexuelles ont commencé, le temps est devenu son pire ennemi. Chaque seconde passée était une torture, chaque minute le rapprochait d’un nouveau traumatisme. Il regardait mes aiguilles tourner, impuissant, comme prisonnier d’un cycle dont il ne voyait pas la fin. Chaque nuit, les souvenirs des agressions le maintenaient éveillé. Il observait mes aiguilles se déplacer, lentement, dans l’obscurité, se demandant combien de temps encore il pourrait supporter le silence de sa douleur. Pour Raphaël, le temps n’était plus un allié mais un rappel cruel que personne ne venait l’aider, que la honte et la peur l’empêchaient de parler. Les heures s’allongeaient, les journées se répétaient, et je devenais le témoin impassible de sa souffrance. Un jour, Raphaël a pris une décision : il ne voulait plus rester prisonnier de ce temps figé dans la douleur. Il a trouvé la force d’affronter son passé et de chercher de l’aide. Aujourd’hui, je suis toujours sur ce même mur, mais mes aiguilles ne marquent plus le temps de la peur. Elles avancent désormais vers un futur où Raphaël reconstruit peu à peu sa vie. À chaque regard qu’il pose sur moi maintenant, je ne lui rappelle plus les heures sombres, mais le chemin parcouru et celui qui reste à découvrir. »

Claire, 33 ans

« Je me rappelle encore de notre première rencontre comme si c’était hier. Jean était charmant, avec un sourire qui semblait tout effacer. Il avait cette manière de me regarder, comme s’il voyait quelque chose en moi que personne d’autre ne voyait. Je suis tombée amoureuse de lui presque immédiatement. Mais j’ignorais que ce sourire cache une noirceur qui allait m’engloutir.

Au début, tout semblait parfait. Jean était attentionné, me surprenait avec des petites attentions. Mais peu à peu, les choses ont commencé à changer. Les premiers signes étaient subtils : des commentaires sur la façon dont je me coiffais, sur les vêtements que je portais. Je pensais qu’il voulait juste m’aider à être meilleure. Mais ce n’était que le début.

Les critiques sont devenues de plus en plus fréquentes et de plus en plus personnelles. Il commençait par des remarques sur mon apparence, sur ma façon de parler, sur ma façon de gérer les choses à la maison. Puis, il a commencé à attaquer ma personnalité, mon intelligence, ma valeur en tant que femme. Je me souviens de la première fois où il m’a dit que je n’étais bonne à rien. Ce n’était pas seulement douloureux, c’était dévastateur. Chaque jour, je me sentais plus petite, plus insignifiante.

Les insultes sont devenues une partie de notre quotidien. Jean avait ce talent pour me faire sentir que j’étais la cause de tous nos problèmes. Si nous avions une dispute, c’était toujours de ma faute. S’il perdait son emploi ou s’il était de mauvaise humeur, c’était à cause de moi. Il disait que j’étais une déception, que je n’avais aucune ambition, que je gâchais sa vie. J’étais complètement désemparée, incapable de comprendre ce que j’avais fait pour mériter tout ça.

Il y avait aussi les manipulations. Jean savait comment jouer avec mon esprit, comment me faire douter de moi-même. Il me disait que personne ne m’aimerait jamais si je le quittais, que j’étais chanceuse d’avoir quelqu’un comme lui. Il me faisait croire que c’était moi qui avais un problème, que tout ce qu’il faisait était pour mon bien. Il me coupait des amis et de la famille, me faisant croire qu’ils étaient contre nous, qu’ils voulaient nous séparer. Je me sentais isolée, seule, perdue.

Il n’y avait pas un jour sans que je me demande ce que j’avais fait de mal, pourquoi je ne pouvais pas simplement être assez bien pour lui. J’ai perdu confiance en moi, en mes capacités, en ma propre valeur. Chaque jour était une lutte pour garder la tête hors de l’eau. Les mots de Jean résonnaient dans ma tête comme des échos incessants, me rappelant constamment ma prétendue insuffisance.

Ce qui a été le plus difficile à accepter, c’était que je savais au fond de moi que quelque chose n’allait pas. Je savais que je méritais mieux, que je n’avais pas à subir cela. Mais chaque fois que je pensais à partir, je me sentais coupable, incapable de faire le premier pas. J’avais peur de ce qu’il me ferait, peur de ce que les gens penseraient. Je me suis sentie prisonnière de ma propre vie.

Le tournant a été lorsque j’ai enfin trouvé le courage de parler à une amie. Elle a écouté mon histoire sans jugement, m’a aidée à voir que ce n’était pas de ma faute, que j’avais le droit de me protéger et de demander de l’aide. Elle m’a conseillé de contacter une association spécialisée dans l’aide aux victimes de violences psychologiques : « J’ai compris, j’agis ».

Lorsque j’ai contacté l’association, j’ai été accueillie avec tant de compréhension et de bienveillance. Ils m’ont aidée à comprendre que ce que je vivais n’était pas normal, qu’il s’agissait de manipulation et de contrôle. Ils m’ont soutenue dans le processus de séparation, m’ont aidée à reconstruire mon estime de moi et à reprendre le contrôle de ma vie.

Aujourd’hui, je suis encore en train de guérir, mais je suis sur la voie de la guérison. Je me reconstruis petit à petit, apprenant à me redécouvrir et à m’aimer pour ce que je suis. Je sais maintenant que je mérite d’être traitée avec respect, que je suis suffisamment forte pour m’en sortir. Et surtout, je veux dire à toutes les femmes qui vivent ce que j’ai vécu : il est possible de briser les chaînes de la manipulation et de retrouver sa liberté. Vous n’êtes pas seules, et il y a de l’espoir.

 

Un mot de l’objet : « Je suis la brosse à cheveux de Claire, un simple accessoire, mais pour elle, je représente une évasion précieuse. Dans un quotidien marqué par les remarques désobligeantes et la violence psychologique de son mari, chaque passage de mes poils sur ses cheveux était une tentative de retrouver une douceur qui lui échappait. Lorsque Claire se brossait les cheveux, elle s’offrait un moment de répit, un instant pour se reconnecter à elle-même. Chaque coup de brosse était une affirmation de son identité, un geste d’amour qu’elle s’accordait malgré le tumulte de sa vie. Je l’aidais à se sentir belle, à se préparer pour le monde extérieur, même si cela ne pouvait jamais compenser les mots cruels qu’elle recevait à la maison. »

Thomas, 35 ans

« Je ne savais pas que cela pouvait m’arriver. En tant qu’homme, on nous dit que nous sommes forts, que nous devons toujours avoir le contrôle. Mais ce contrôle, je l’ai perdu petit à petit, sans même m’en rendre compte. J’étais avec Julie depuis trois ans quand les choses ont commencé à changer. Elle avait toujours eu une personnalité dominante, et au début, ça ne me dérangeait pas. Je l’aimais pour son caractère fort, pour sa confiance en elle. Mais ce que je ne voyais pas, c’était que cette confiance était en réalité une forme de manipulation.

Au fil du temps, Julie a commencé à être plus exigeante. Elle voulait que je sois toujours disponible pour elle, que je réponde à ses moindres désirs. Elle me faisait sentir coupable dès que je ne faisais pas ce qu’elle voulait. Et dans notre intimité, c’était pire. Au début, tout semblait normal, mais rapidement, elle a commencé à faire des remarques humiliantes. Elle me traitait d’incapable, me disait que je ne savais pas la satisfaire. Elle riait de moi, de mon corps, de mes désirs. Je me sentais de plus en plus petit, de plus en plus insignifiant.

Je me souviens de ce soir où tout a basculé. J’étais fatigué, épuisé par le travail. Je lui avais dit que je n’étais pas d’humeur, que j’avais besoin de me reposer. Mais pour elle, c’était inacceptable. Elle s’est mise en colère, a crié que je ne l’aimais pas, que je la rejetais. Elle m’a insulté, m’a dit que j’étais faible, que je n’étais pas un vrai homme. Et puis, elle m’a forcé. C’était brutal, violent, dégradant. Je voulais qu’elle arrête, mais je n’ai rien dit. J’étais paralysé. Comment aurais-je pu dire non ? C’était « juste » du sexe, non ? Mais pour moi, ce n’était pas juste ça. C’était une violation, une trahison.

Ce n’était pas la dernière fois. Elle utilisait toujours le sexe comme une arme, comme un moyen de me contrôler, de me punir. Si je ne répondais pas à ses attentes, elle me faisait subir ces moments d’humiliation. Et après, elle faisait comme si de rien n’était, comme si c’était normal. Je me disais que peut-être, c’était moi qui avais un problème. Peut-être que je n’étais pas assez pour elle, que je ne savais pas comment être l’homme qu’elle attendait.

Je me sentais piégé. À l’extérieur, tout le monde pensait que nous formions un couple parfait. Julie était brillante, charismatique, et moi, j’essayais de suivre. Personne ne voyait ce qui se passait derrière les portes fermées. Je m’enfonçais de plus en plus dans une spirale de honte et de culpabilité. J’avais l’impression d’être seul, complètement seul. Qui aurait cru qu’un homme pouvait être victime de violence sexuelle ? C’est quelque chose dont on ne parle jamais. Un homme, ça ne peut pas être une victime, pas vrai ?

Un jour, après une énième dispute où elle m’avait encore forcé à faire ce que je ne voulais pas, j’ai craqué. Je me suis effondré en larmes, incapable de me contenir. C’était comme si tout ce que j’avais gardé en moi depuis des mois éclatait d’un coup. Elle m’a regardé avec dédain, comme si mes émotions ne valaient rien. Et c’est là que j’ai compris. J’ai compris que ce que je vivais n’était pas normal, que ce n’était pas de l’amour. C’était de la domination, de la destruction.

J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai appelé l’association « J’ai compris, j’agis ». C’était la première fois que je parlais de ce que je vivais. J’avais tellement honte, peur qu’on ne me prenne pas au sérieux, peur qu’on me dise que ce n’était pas possible, que j’étais un homme, que je devais simplement « prendre sur moi ». Mais ce n’est pas ce qu’ils ont fait. Ils m’ont écouté, sans jugement, et m’ont aidé à comprendre que je n’étais pas seul.

Le chemin vers la guérison a été long et difficile. J’ai dû déconstruire tout ce que je pensais savoir sur moi, sur ce que signifie être un homme. Mais jour après jour, je me suis reconstruit. J’ai appris à m’accepter, à ne plus avoir honte de ce que j’avais vécu. Julie ne contrôlera plus jamais ma vie, ni mon corps. Aujourd’hui, je sais que je mérite d’être respecté, d’être aimé pour qui je suis, sans violence, sans humiliation. Et c’est grâce à cette aide que j’ai pu retrouver cette force en moi. »

Un petit mot de l’objet : « Je suis le piano de Thomas, un instrument chargé de mélodies et de souvenirs, mais aussi d’une profonde douleur. Dans un foyer où la violence régnait en maître, je suis devenu le seul échappatoire pour Thomas, son havre de paix. Cependant, mes touches étaient entourées de règles strictes : il lui était interdit de jouer lorsque sa femme était présente, sous peine de subir des coups. Chaque fois qu’elle était là, les notes restaient muettes, et Thomas se retrouvait piégé dans une atmosphère de tension et de peur. Mais dès qu’elle sortait, il pouvait enfin libérer son âme en jouant. Chaque note qu’il touchait était une bouffée d’air frais, une échappatoire aux souffrances de son quotidien. Les mélodies s’élevaient, remplaçant les cris et les coups par des harmonies de bonheur. Dans ces moments de solitude, il apprenait à apprécier la liberté que lui offraient mes touches. Au fil du temps, Thomas a commencé à réaliser que ces instants passés à jouer n’étaient pas seulement des évasions temporaires, mais une façon de retrouver son identité, d’exprimer ses émotions refoulées. Chaque mélodie devenait un acte de rébellion, un moyen de revendiquer son droit à être heureux, même en l’absence de sa femme. Il a su apprécier ces moments, découvrant petit à petit la beauté de sa propre existence en dehors de la violence. »

Amélie, 34 ans

« Je n’aurais jamais imaginé que quelqu’un puisse exercer un tel contrôle sur ma vie, me priver de tout ce qui me permettait d’exister en tant qu’individu libre. La violence administrative, je n’en avais jamais entendu parler avant de la vivre moi-même. Aujourd’hui, je comprends à quel point elle peut être insidieuse et destructrice.

Au début, notre relation semblait normale, voire idéale. Nicolas était charmant, attentionné, et nous avons rapidement emménagé ensemble. Mais peu à peu, son comportement est devenu de plus en plus contrôlant. Il a commencé par me demander de lui remettre tous mes documents importants, comme ma carte d’identité, mes cartes bancaires, et même mes documents de travail, sous prétexte de vouloir les garder en sécurité. J’ai cru à ses intentions bienveillantes, pensant qu’il voulait simplement m’aider à organiser les choses.

Puis, il a commencé à utiliser ces documents comme un levier. Lorsque je me plaignais ou tentais de poser des limites, il me menaçait de me priver de tout ce dont j’avais besoin pour vivre normalement. Je me suis retrouvée sans accès à mes comptes bancaires, incapable de faire des achats ou même de retirer de l’argent. Chaque fois que je tentais de récupérer mes documents, il me disait que je n’en avais pas besoin et que tout allait bien.

La situation a pris une tournure encore plus dramatique lorsque Nicolas a commencé à me séquestrer. Il m’a enfermée à clé dans une pièce, sans nourriture ni eau, sous prétexte de vouloir me faire réfléchir à mes « erreurs ». Au début, je pensais que c’était une simple punition, mais les heures se sont transformées en jours, et je me suis retrouvée seule et terrifiée. La pièce était froide, sombre, et je me sentais complètement isolée du monde extérieur.

Je me souviens de la douleur physique de la faim, mais ce qui était encore pire, c’était la douleur émotionnelle. La solitude me pesait comme une chape de plomb, et la peur de ne jamais sortir de cette prison était omniprésente. Je n’avais aucun moyen de communiquer avec l’extérieur, de demander de l’aide, ou même de savoir combien de temps je serais enfermée. Chaque jour passait en longueur, et je perdais espoir.

Quand je pouvais enfin sortir, Nicolas minimisait toujours ce qu’il avait fait. Il disait que c’était pour mon bien, pour me faire comprendre certaines choses. Il me faisait sentir que j’étais ingrate, que je devais lui être reconnaissante pour le « temps » qu’il m’avait accordé. Je me suis sentie complètement perdue, sans repères, incapable de faire la différence entre ce qui était normal et ce qui ne l’était pas.

La prise de conscience est venue lentement, lorsque j’ai eu l’occasion de parler à une amie qui a remarqué mes signes de détresse. Elle m’a encouragée à chercher de l’aide, et j’ai contacté une association spécialisée dans les violences administratives et la séquestration : « J’ai compris, j’agis ». Leur soutien a été crucial. Ils m’ont aidée à récupérer mes documents, à retrouver l’accès à mes finances, et à reconstruire ma vie.

Avec leur aide, j’ai pu me libérer de l’emprise de Nicolas, rétablir un contact avec le monde extérieur et commencer à reconstruire ma confiance en moi. Chaque jour est un combat pour surmonter les séquelles de cette expérience, mais je suis déterminée à ne pas laisser cette épreuve me définir.

Je veux partager mon histoire pour aider celles et ceux qui se trouvent dans une situation similaire. La violence administrative peut sembler invisible, mais elle est très réelle et dévastatrice. Si vous êtes dans une situation de contrôle ou de séquestration, sachez qu’il y a de l’espoir et de l’aide disponible. N’ayez pas peur de demander de l’aide, de parler à quelqu’un en qui vous avez confiance. Vous méritez de retrouver votre liberté, votre dignité, et de vous reconstruire. »

Un petit mot de l’objet : « Je suis la pomme d’Amélie, un simple fruit, mais pour elle, je représente un goût de liberté et d’évasion. Dans un quotidien où elle était piégée par la violence de son compagnon, je suis devenu son seul réconfort. Ne pouvant rien acheter ni sortir de sa maison, chaque bouchée de ma chair juteuse était une dérobade aux règles étouffantes qu’on lui imposait. Amélie avait un pommier dans son jardin, et chaque fois qu’elle s’approchait de moi, elle ressentait un petit frisson d’excitation. Je symbolisais les instants de douceur et de répit dans sa vie, où elle pouvait savourer un moment sans culpabilité, sans peur d’être maltraitée. Mon goût sucré était une petite victoire sur un quotidien marqué par la douleur et l’isolement. Je l’ai aidée à redécouvrir le plaisir simple de la nature, une connexion avec le monde extérieur qui lui avait été arrachée. Dans le calme de son jardin, chaque fois qu’elle me cueillait, c’était une affirmation de sa force intérieure, une manière de se rappeler qu’elle pouvait encore choisir, même si c’était juste un petit geste. »

Julien, 38 ans

« Je n’avais jamais pensé que mes actions pouvaient aller aussi loin. Je croyais que mes menaces et ma manière de gérer les conflits étaient des moyens normaux de montrer ma frustration et mon autorité. Quand Marie et moi avions des désaccords, je recourais souvent à des menaces de mort pour la faire céder. Je lui disais que si elle ne changeait pas son comportement, elle pourrait regretter de m’avoir contrarié. Je pensais que la peur pouvait être un levier puissant pour obtenir ce que je voulais.

Les menaces étaient accompagnées de comportements violents envers nos animaux. Quand je me sentais frustré, j’exprimerais ma colère en maltraitant notre chat. Je le jetais contre les murs ou le frappais, pensant que c’était une manière de relâcher ma pression. Je ne réalisais pas que ce comportement était non seulement cruel mais également une forme de violence inacceptable. Marie était horrifiée par ces actes, mais je ne comprenais pas l’ampleur de son désespoir.

Je minimisais toujours la gravité de mes actions, persuadé que j’étais dans mon droit et que mes comportements étaient justifiés. Je pensais que Marie devait comprendre que mes menaces étaient une manière de faire valoir ma position.

Lorsque Marie a porté plainte, cela a été un tournant brutal dans ma vie. J’ai été condamné à une peine de prison avec

sursis et à des travaux d’intérêt général. Cette condamnation m’a forcé à faire face à la réalité de mes actions.

Grâce au soutien de l’association, j’ai pu commencer à comprendre l’impact de mes menaces et de ma violence sur Marie et nos animaux. Les séances de thérapie ont été un révélateur sur les mécanismes de ma colère et les dégâts que j’ai causés. Le chemin de la réhabilitation est difficile et exigeant, mais je fais des efforts chaque jour pour changer mon comportement. Le soutien de l’association « J’ai compris, j’agis » est essentiel pour m’aider à évoluer, à développer de l’empathie, et à établir des relations basées sur le respect et la non-violence. »

Un mot de l’objet : « Je suis la manette de Julien, l’instrument de ses victoires et de ses défaites, mais aussi un symbole tragique de la violence qu’il infligeait à sa femme. Dans le monde virtuel, chaque fois qu’il perdait, son humeur s’assombrissait et la colère montait en lui comme une tempête. Mais dans la réalité, c’était sa compagne qui payait le prix de ses échecs. Dès que l’écran affichait un ‘Game Over’, je devenais le déclencheur d’un cycle de violence. Julien me serrait plus fort, les doigts crispés sur mes boutons, tandis qu’il se tournait vers sa femme avec des mots tranchants et des gestes menaçants. Ses frustrations se déversaient sur elle, et chaque défaite à un jeu vidéo marquait une nouvelle perte pour elle, un peu plus de sa dignité et de sa joie de vivre. J’étais là, au centre de ses crises, sans jamais pouvoir intervenir. Ses accès de rage me laissaient des marques invisibles, mais chaque coup qu’il portait à sa femme était bien réel. Julien utilisait mes manettes comme une excuse pour justifier son comportement, croyant qu’il pouvait redéfinir le jeu, faire des règles à sa guise. Je voudrais qu’il réalise qu’aucun niveau ne vaut la douleur infligée à autrui.»

Sophie, 34 ans

« Je n’aurais jamais imaginé qu’une relation que je croyais épanouissante pourrait devenir un véritable cauchemar. Au début, tout semblait parfait avec Jean. Nous étions jeunes, amoureux et plein d’espoirs pour notre avenir. Cependant, les choses ont commencé à changer lorsque Jean a commencé à exercer un contrôle total sur notre vie commune, en utilisant les violences matérielles, psychologiques et verbales.

Jean a d’abord commencé à limiter l’accès à notre argent commun. Il gardait un contrôle total sur nos finances, me donnant juste assez pour les dépenses quotidiennes, tout en gardant le reste pour lui. Il disait que c’était pour notre sécurité financière, mais en réalité, il me privait de mon indépendance. J’étais sans cesse inquiète de ne pas avoir assez d’argent pour les choses essentielles, ce qui me rendait de plus en plus dépendante de lui.

Parallèlement, Jean a commencé à utiliser la violence psychologique pour me déstabiliser. Il me critiquait constamment, soulignant chacune de mes erreurs, même les plus insignifiantes. Il me faisait sentir que je n’étais jamais à la hauteur, que je n’étais pas assez intelligente, pas assez belle, pas assez bonne. Ses commentaires étaient déguisés en « conseils » ou en « préoccupations », mais ils me laissaient toujours avec un sentiment d’inadéquation et d’insécurité.

Les violences verbales étaient omniprésentes. Jean avait l’habitude de me crier dessus pour la moindre chose. Parfois, il me traitait de noms d’oiseaux et me menaçait de me quitter si je n’étais pas parfaite. Les insultes étaient violentes et dégradantes, et elles avaient un impact profondément destructeur sur mon estime de moi. Je me sentais diminuée, comme si je n’étais rien sans lui.

Les violences matérielles se sont aggravées lorsque Jean a commencé à détruire des objets personnels lorsque nous nous disputions. Il brisait des choses qui m’étaient chères, comme des livres, des objets souvenirs et même des meubles. Chaque fois qu’il le faisait, c’était comme une attaque directe contre moi, une façon de me montrer qu’il avait le contrôle sur tout, y compris sur les choses qui avaient une valeur sentimentale pour moi.

J’ai vécu dans une constante terreur, ne sachant jamais quand la prochaine explosion allait se produire. J’avais peur de parler, peur de me défendre, car chaque tentative de révolte était sévèrement punie par des violences verbales ou psychologiques. La honte et la culpabilité m’empêchaient de chercher de l’aide, pensant que tout cela était de ma faute.

Un jour, une amie a remarqué que quelque chose n’allait pas et m’a encouragée à parler à un professionnel. J’ai finalement contacté une association d’aide aux victimes de violences domestiques. Leur soutien a été un réconfort immense. Ils m’ont aidée à comprendre que ce que je vivais n’était pas acceptable et que j’avais le droit de me défendre.

Avec leur aide, j’ai pu entamer des démarches pour me séparer de Jean et retrouver mon indépendance. J’ai aussi commencé une thérapie pour traiter les blessures psychologiques laissées par ces années de maltraitance. Aujourd’hui, bien que le chemin de la guérison soit encore long, je suis sur la voie de la reconstruction. Grâce à l’aide de l’association « J’ai compris, j’agis », je retrouve petit à petit ma confiance en moi et ma liberté. Je sais maintenant que je mérite d’être respectée et que je peux reconstruire ma vie sur des bases saines. »

 

Un petit mot de l’objet : « Je suis le livre que Sophie gardait toujours près d’elle, un roman qu’elle avait lu et relu des dizaines de fois. Au début, j’étais un simple passe-temps, une évasion dans l’imaginaire. Mais peu à peu, je suis devenu bien plus que cela. Les pages de ma couverture étaient un refuge silencieux, un moyen pour Sophie d’échapper à la réalité des violences économiques qu’elle subissait. Son compagnon contrôlait tout : ses revenus, ses dépenses, ses moindres achats. Il lui donnait de l’argent au compte-goutte, toujours en lui faisant sentir qu’elle ne méritait pas mieux. Les fois où elle osait demander un peu plus pour quelque chose de nécessaire, il la rabaissait, lui rappelant qu’elle était incapable de gérer l’argent. Privée de toute autonomie, Sophie se tournait vers moi. Plongée dans mes pages, elle pouvait, pour un moment, oublier qu’elle n’avait pas le contrôle de sa propre vie. Chaque livre qu’elle rêvait d’acheter, chaque sortie qu’elle ne pouvait pas se permettre, me donnait encore plus de sens : je devenais le seul luxe qu’elle pouvait s’autoriser, la seule chose qu’il ne pouvait pas lui enlever. Un jour, épuisée par cette dépendance financière, Sophie a décidé qu’elle ne pouvait plus vivre dans cette prison invisible. Elle a cherché de l’aide, appris à reprendre en main ses finances et peu à peu, elle a retrouvé une forme de liberté. Aujourd’hui, je suis toujours sur sa table de nuit, mais je ne suis plus une échappatoire. Je suis devenu le symbole de sa victoire sur les chaînes invisibles qui l’avaient si longtemps enfermée. Chaque fois qu’elle tourne mes pages, Sophie se rappelle qu’elle a retrouvé son pouvoir et que plus jamais elle ne laissera quelqu’un la priver de son autonomie. »

Pierre, 37 ans

« Je n’avais jamais imaginé que mes actes pouvaient aller aussi loin. Au début, je pensais que la destruction d’objets était une manière légitime d’exprimer ma colère envers Marie. Chaque fois que nous avions une dispute, je me sentais impuissant et frustré, alors je me défoulais en brisant des choses autour de moi, surtout de la vaisselle.

Je croyais que casser des assiettes ou des verres était une forme de libération, une manière de montrer à Marie combien j’étais en colère et de lui faire comprendre que je ne supportais plus la situation. J’étais convaincu que cela la pousserait à changer, à améliorer son comportement, et que cela serait le moyen d’établir une forme d’équilibre dans notre relation. Mais je ne réalisais pas à quel point cette violence matérielle était destructrice.

Les moments de colère se sont intensifiés avec le temps. Je me suis mis à briser non seulement la vaisselle mais aussi d’autres objets précieux pour elle. J’avais l’impression que ces actes étaient un moyen de reprendre le contrôle sur ma vie et sur notre relation. Je minimisais toujours la gravité de mes actions, pensant que Marie devait comprendre que je ne faisais cela que par frustration.

Quand Marie a décidé de porter plainte, cela a été un moment de grande réalisation pour moi. J’ai été condamné à une peine de prison avec sursis et à des travaux d’intérêt général. Cette condamnation m’a forcé à affronter la réalité de mes comportements. Grâce à l’association « J’ai compris, j’agis », j’ai eu la chance de suivre des thérapies pour comprendre l’impact de ma violence matérielle et apprendre des moyens plus sains pour gérer ma colère.

Le chemin de la réhabilitation est difficile et exigeant. Chaque jour, je travaille sur moi-même pour apprendre à exprimer mes émotions sans recourir à la destruction et pour rétablir des relations basées sur le respect et la compréhension. Le soutien de l’association est crucial pour m’aider à évoluer et à réparer les torts que j’ai causés. »

Un mot de l’objet : « Je suis la bougie de Pierre, un simple objet qui, au premier abord, évoque la chaleur et l’apaisement. Mais pour lui, j’ai une signification bien plus complexe. Chaque fois qu’il m’allume après une scène de colère, je deviens le symbole d’une tentative de rédemption, une lumière douce qui cherche à effacer l’obscurité de ses actes. La flamme vacillante qui danse au-dessus de moi lui apporte une forme de réconfort. Elle lui permet de se plonger dans une atmosphère apaisante, comme si la chaleur de ma lumière pouvait balayer la tension qui règne dans son foyer. Pour

Pierre, je suis un moyen de déculpabiliser, de justifier ses explosions de colère en les entourant d’un halo de sérénité. Il sait qu’il a blessé sa femme, mais la simple présence de ma flamme lui donne l’illusion qu’il peut effacer ses erreurs, même si ce n’est que temporaire. Chaque fois que je m’embrase, il essaie de se convaincre que l’harmonie peut revenir, que la paix est à portée de main, simplement en me laissant brûler. Pourtant, au fond de lui, il sait que cette lumière ne peut pas réparer les dégâts causés. Je suis le reflet de ses contradictions : le désir d’être un homme aimant et la réalité de ses accès de rage. Je souhaiterais que Pierre réalise qu’allumer une bougie ne suffit pas pour apaiser une tempête intérieure. La vraie paix ne se trouve pas dans une flamme, mais dans la reconnaissance de ses comportements et la volonté de changer. »

 

Camille, 28 ans

« Ça a commencé doucement, presque sans que je m’en rende compte. Quand j’ai rencontré Julien, je venais de sortir d’une relation difficile, et il était tout ce que je pensais vouloir. Attentionné, protecteur… je me sentais en sécurité avec lui.

Il semblait comprendre mes blessures, celles que je portais depuis des années. Mais ce que je n’avais pas vu, c’est que cette protection se transformait, petit à petit, en contrôle.

Au début, il m’étouffait juste avec des petites remarques, comme des critiques déguisées en conseils. Il me disait que mes vêtements étaient trop provocants, que je devais « être plus discrète », « penser à lui », que les autres hommes pourraient mal interpréter mes intentions. Alors j’ai commencé à changer ma garde-robe. Plus de jupes courtes, plus de décolletés. Je voulais juste qu’il se sente rassuré, qu’il sache que je l’aimais. Et puis, il a commencé à m’en demander plus.

Un soir, après une sortie entre amis, il m’a reproché d’avoir parlé à un autre homme. C’était innocent, juste une conversation anodine. Mais pour Julien, c’était un affront. De retour à la maison, il a explosé. Il m’a dit que si je voulais vraiment prouver mon amour pour lui, je devais lui montrer ma loyauté d’une autre manière. Il n’a pas eu besoin d’en dire plus. J’ai su ce qu’il attendait.

Ce soir-là, c’était la première fois qu’il me forçait. Mon corps tremblait sous lui, et je voulais hurler, mais aucun son ne sortait. Mon esprit se déconnectait, comme s’il essayait de me protéger de la réalité de ce qui se passait. Quand il a fini, il m’a caressée comme si de rien n’était, m’a dit que tout irait mieux maintenant, que c’était juste une preuve d’amour. Mais moi, je me sentais détruite, réduite à rien.

Ce n’était que le début. Chaque fois qu’il se sentait menacé par quelque chose – une parole, un regard, une sortie avec mes amis – il utilisait mon corps comme une punition, un moyen de me remettre à ma place. J’ai arrêté de sortir. J’ai cessé de voir mes amis. Chaque geste que je faisais était calculé pour éviter sa colère. Mais même ça, ça ne suffisait jamais.

Il voulait toujours plus. Il me demandait des choses qui me faisaient horreur, des pratiques auxquelles je n’aurais jamais consenti. Mais je n’avais plus le choix. Quand je refusais, il me menaçait, m’insultait, me traitait de tous les noms. Il disait que j’étais une mauvaise copine, que si je ne faisais pas ce qu’il demandait, il irait voir ailleurs. J’étais terrifiée à l’idée de le perdre, mais encore plus à l’idée de ce qu’il pourrait me faire s’il passait à l’acte.

Je vivais dans une prison invisible. Aux yeux des autres, j’étais cette fille souriante, toujours bien habillée, qui avait « tout pour être heureuse ». Personne ne savait ce qui se passait derrière les murs de notre appartement. Personne ne voyait les larmes que je versais dans le silence de la nuit, quand je me demandais comment j’avais pu en arriver là. Je me sentais piégée, honteuse. Je me demandais si c’était de ma faute, si j’avais fait quelque chose pour mériter ça.

Le pire, c’est que je l’aimais encore. Malgré tout ce qu’il me faisait, je m’accrochais à l’idée que ce Julien tendre et aimant du début était toujours quelque part en lui. Je pensais que si je faisais juste un peu plus d’efforts, tout reviendrait comme avant. Mais ce n’était qu’une illusion.

Un soir, après une énième dispute, il m’a forcée à faire quelque chose d’inimaginable. C’était au-delà de tout ce qu’il m’avait déjà imposé. J’ai senti quelque chose se briser en moi ce soir-là. Je n’étais plus qu’une ombre de moi-même, une coquille vide. Quand il a fini, je suis restée dans la salle de bain pendant des heures, sous la douche, essayant de laver la honte, le dégoût que je ressentais pour moi-même.

Je savais que je devais partir, mais je ne savais pas comment. Je n’avais plus personne à qui parler. Julien avait réussi à m’isoler de tous ceux qui auraient pu m’aider. Mais un jour, par chance, une collègue m’a surprise en train de pleurer au travail. Elle ne m’a pas posé de questions, elle m’a juste tendu la main. C’est à ce moment-là que j’ai craqué. Les mots sont sortis d’un coup, comme si tout ce que je gardais en moi depuis des mois ne pouvait plus être contenu. Elle m’a convaincue d’appeler l’association « J’ai compris, j’agis », de parler à quelqu’un.

Grâce à cette aide, j’ai pu trouver un refuge, un endroit où me reconstruire loin de lui. C’était difficile. Chaque jour, je me débattais avec les souvenirs, avec la culpabilité. Mais petit à petit, j’ai repris le contrôle de ma vie. J’ai appris que ce que j’avais vécu n’était pas de l’amour, que l’amour ne devait jamais faire mal. Je suis encore en train de guérir, et je sais que la route est longue. Mais pour la première fois depuis longtemps, je sens que je mérite mieux. Que je mérite d’être aimée, sans avoir à sacrifier qui je suis. »

Un mot de l’objet : « Je suis le cadre photo de Camille, un objet qui renferme des souvenirs d’amour et de réconfort. À l’intérieur, une photo de son père, un homme dont les yeux pétillants d’espoir étaient pour elle une source de force dans les moments les plus sombres de sa vie. Chaque fois qu’elle se sentait perdue ou en proie à la colère de son conjoint, elle se tournait vers moi, cherchant du réconfort dans ce regard aimant. Pour Camille, le visage de son père représentait un lien avec le passé, un rappel que, malgré la douleur qui l’entourait, il y avait encore de la lumière dans sa vie. Dans les instants de crise, lorsque les tempêtes se déchaînaient autour d’elle, cette photo lui offrait une lueur d’espoir, une promesse que les choses pouvaient s’améliorer. Mais ce réconfort a été brutalement détruit. Un jour, son compagnon, dans un accès de rage, a brisé ce cadre, déchiré la photo de son père pour la réduire en cendres. Camille a été forcée de regarder cette scène atroce, son cœur se brisant à chaque déchirement. Elle a été contrainte de vivre cette violence inouïe, un moment d’humiliation et de désespoir où les souvenirs heureux se transformaient en cendres. Le regard de son père, autrefois une source de force, a été effacé sous ses yeux. Dans un dernier acte de cruauté, son agresseur a prononcé ces mots dévastateurs : « Maintenant, tu n’es qu’à moi. » Cette phrase a résonné dans son esprit comme un coup de grâce, marquant le début d’une période de désespoir où elle a cru avoir perdu tout espoir. »

Luc, 32 ans

« Je pensais que ma relation avec Julie était solide, mais avec le temps, j’ai développé une attitude de plus en plus contrôlante. Je croyais que mes besoins sexuels étaient essentiels et que Julie devait y répondre sans réserve. Je me sentais frustré lorsqu’elle ne répondait pas à mes attentes et, peu à peu, j’ai commencé à exercer une pression accrue sur elle.

Les violences sexuelles ont commencé par des demandes insistantes, même lorsque Julie manifestait un manque d’intérêt ou de volonté. Je persuadais Julie que ses réticences étaient des signes d’hostilité ou de manque d’amour. Je croyais que si elle m’aimait vraiment, elle accepterait mes avances. Ce qui a commencé comme des pressions verbales est devenu de plus en plus violent, avec des actes où je forçais Julie à avoir des relations sexuelles contre sa volonté. Pour moi, il s’agissait simplement de rendre notre relation plus intense, mais je ne voyais pas la réalité de l’abus que cela représentait.

Je me trouvais des excuses pour mes actions, convaincu que mon désir était légitime et que Julie devait simplement accepter ce que je demandais. Je minimisais ses sentiments et ses tentatives de résistance, pensant que mon comportement était justifié par notre engagement mutuel. Je ne comprenais pas que j’étais en train de détruire sa dignité et son bien-être.

Lorsque Julie a porté plainte, cela a été un choc sévère pour moi. La condamnation à une peine de prison avec sursis et à des travaux d’intérêt général a marqué un tournant. J’ai dû faire face à la réalité de mes actes et comprendre les profondes blessures que j’avais infligées. Grâce à l’association « J’ai compris, j’agis », j’ai pu entamer un processus de prise de conscience et de réhabilitation. Les thérapies et les groupes de soutien m’ont aidé à réaliser la gravité de mes comportements et à comprendre le respect des limites et du consentement.

La réhabilitation est un parcours difficile et complexe. Chaque jour est un effort pour changer mes comportements et comprendre l’impact de mes actions. Le soutien de l’association a été crucial dans ce processus, m’aidant à affronter mes démons intérieurs et à travailler sur mes attitudes. Mon objectif est de réparer les torts que j’ai causés et de reconstruire ma vie sur des principes de respect et d’égalité. Je suis déterminé à ne jamais répéter ces erreurs et à devenir une personne plus respectueuse et consciente des besoins et des droits des autres. »

 

Un mot de l’objet : « Je suis la télécommande de Luc, un outil apparemment banal, mais qui a joué un rôle clé dans des moments sombres de sa vie. Avec un simple clic, il pouvait allumer la télévision, mais aussi activer un mode qui lui donnait un pouvoir dévastateur. En un instant, il pouvait diffuser ses déboires sexuels avec sa femme en direct sur Internet, transformant leur vie privée en un spectacle public. Pour Luc, cette capacité était une source de satisfaction malsaine. Chaque fois qu’il appuyait sur ce bouton, il se sentait puissant, capable de contrôler non seulement sa vie, mais aussi celle de sa femme. Il ne voyait pas la douleur que cela lui causait. Au lieu de protéger leur intimité, il choisissait de l’exposer, de la détruire pour sa propre gratification. Ce geste insidieux a mis en lumière une dépendance à l’approbation extérieure, à la validation d’une audience invisible. Luc ne réalisait pas que, derrière cette façade de pouvoir, il ne faisait qu’exposer les blessures de son épouse, la réduisant à un objet de spectacle. »

Nadine, 37 ans

« Quand je repense à ma relation avec Marc, je vois maintenant à quel point j’étais manipulatrice et toxique. Je pensais que notre amour était solide, mais je ne réalisais pas que mes comportements psychologiques étaient en train de détruire Marc. Je croyais que mes actions étaient nécessaires pour le rendre meilleur, pour l’aider à évoluer, sans voir que j’étais en train de le briser.

Je contrôlais tout dans notre vie quotidienne. Je critiquais constamment ses choix, ses amis, et même ses loisirs. Je pensais que mes remarques étaient des conseils pour qu’il devienne une meilleure personne, mais en réalité, c’était un moyen de maintenir un contrôle absolu sur lui. Je le faisais se sentir constamment inférieur, en lui faisant croire qu’il n’était jamais assez bon. J’utilisais des remarques dévalorisantes, des insultes déguisées en conseils, et j’exploitais ses faiblesses pour le manipuler émotionnellement.

Lorsque Marc avait des moments de doute ou de faiblesse, je le rabaissais encore plus, en lui faisant croire que tout était de sa faute. Je trouvais des excuses pour justifier mes attaques verbales, persuadée que je faisais cela pour son bien. Mon objectif était de le rendre plus fort, mais je ne voyais pas que je l’affaiblissais au lieu de l’aider.

Lorsque Marc a eu le courage de me confronter et de mettre fin à notre relation, j’ai été choquée. Le processus judiciaire a révélé l’ampleur des dommages psychologiques que j’avais causés. J’ai été condamnée à une peine avec sursis et à des travaux d’intérêt général. Ce verdict a été un coup de réveil brutal. Grâce à l’association « J’ai compris, j’agis », j’ai eu l’opportunité de travailler sur mes comportements et de comprendre les effets dévastateurs de la manipulation psychologique.

Le chemin vers la réhabilitation est complexe. Chaque jour, je fais des efforts pour comprendre l’impact de mes actions et pour changer mes attitudes. Le soutien de l’association a été vital pour m’aider à évoluer, à développer de l’empathie, et à apprendre à interagir de manière respectueuse et saine. Je suis déterminée à réparer les torts que j’ai causés et à transformer ma manière d’agir pour ne plus jamais reproduire ces erreurs. »

 

Un mot de l’objet : « Je suis la boule de laine de Nadine, un objet qui pourrait sembler inoffensif, mais qui a été détourné pour devenir un instrument de contrôle et d’humiliation. Dans son esprit, ma texture douce contrastait avec la cruauté de ses actions. Nadine m’utilisait pour attacher son copain, l’empêchant ainsi de s’échapper face à la douleur qu’elle lui infligeait. Chaque fil de ma laine représentait un lien de dépendance, un moyen de garder son partenaire sous sa domination. Elle profitait de cette emprise pour lui faire subir des actes de violence, comme l’immerger dans l’eau chaude sur son torse et ses cuisses. Pendant qu’il souffrait, elle trouvait un certain pouvoir dans son contrôle, me tenant comme un symbole de sa capacité à infliger la douleur. Je suis devenu le reflet d’une dynamique toxique, un objet qui, à la base, symbolisait la douceur, mais qui était utilisé pour infliger des souffrances. Nadine ne voyait pas ma vraie nature; pour elle, j’étais l’outil qui lui permettait de satisfaire ses désirs de domination. »

Jean, 44 ans

« Quand je repense à ma relation avec Sophie, je suis horrifié par la manière dont j’ai exercé un contrôle psychologique sur elle. Je croyais que manipuler ses émotions et ses pensées était une manière de maintenir le contrôle dans notre relation. J’utilisais des tactiques de manipulation pour la faire se sentir coupable, la dévaloriser, et la rendre dépendante de moi.

Je me moquais de ses aspirations et de ses réussites, en les minimisant pour la rendre plus dépendante de moi. Je lui disais qu’elle n’était pas capable de réussir par elle-même et que tout ce qu’elle accomplissait était en réalité dû à moi. Je croyais que c’était une manière de la protéger et de la guider, sans réaliser que cela la détruisait émotionnellement.

Je créais un environnement où elle se sentait constamment sur le fil du rasoir, incapable de prendre des décisions sans ma permission. Je contrôlais tous les aspects de sa vie, de ses finances à ses relations sociales. Je pensais que cela prouvait mon amour et mon engagement, mais je ne voyais pas que je la confinais dans une relation toxique et abusive.

Quand Sophie a décidé de porter plainte, cela a été un choc énorme pour moi. J’ai été condamné à une peine de prison avec sursis et à des travaux d’intérêt général. Cette condamnation m’a forcé à confronter la réalité de mes comportements abusifs. Grâce à l’association, j’ai eu l’opportunité de suivre une thérapie et de comprendre les effets dévastateurs de ma violence psychologique.

Le processus de réhabilitation est complexe et demande un travail personnel profond. Chaque jour, je fais des efforts pour comprendre les mécanismes de mon comportement et pour apprendre à interagir de manière respectueuse et équilibrée. Le soutien de l’association « J’ai compris, j’agis » est crucial pour m’aider à évoluer et à reconstruire ma vie sur des bases de respect et d’égalité. Mon objectif est de réparer les torts que j’ai causés et d’établir des relations saines et respectueuses. »

 

Un mot de l’objet : « Je suis le poste radio de Jean, un compagnon silencieux qui remplit l’espace de musique et de paroles. Chaque matin, avant de quitter la maison, Jean allume la radio, un rituel devenu nécessaire. Pour lui, c’est un moyen de masquer la culpabilité qui le ronge. En diffusant des chansons et des discussions, il crée une illusion d’animation dans la maison, une façade qui lui permet de partir sans se sentir trop mal à l’aise à l’idée de laisser sa femme seule. Pour elle, le poste devient une présence, un lien avec le monde extérieur qu’elle ne peut plus toucher. Les voix des animateurs et les mélodies des artistes lui apportent une forme de réconfort, une distraction face à la réalité de son enfermement. Les chanteurs deviennent presque ses amis, des compagnons de route dans un quotidien de solitude et de peur. Mais derrière cette musique se cache une vérité amère. Jean utilise le poste radio non seulement pour échapper à sa conscience, mais aussi pour se donner une excuse. Il se persuade qu’en laissant la radio allumée, il n’abandonne pas complètement sa femme. Il lui offre une sorte de compagnie, même si cela ne remplace pas la présence réelle d’un partenaire aimant et respectueux. À travers les ondes, elle écoute des chansons d’amour et des messages d’espoir, tout en étant enfermée dans une situation d’isolement. »

Claire, 31 ans

« Quand je repense à ce que j’ai vécu avec Thomas, je suis submergée par un mélange de tristesse et de colère. Notre relation a commencé comme un rêve, mais a rapidement viré au cauchemar lorsqu’il a commencé à exercer un contrôle total sur ma vie, utilisant des violences administratives et un confinement extrême.

Au début, Thomas était charmant et attentionné. Mais peu à peu, il a commencé à mettre en place des stratégies pour me contrôler. Il a commencé par garder tous mes documents personnels, y compris ma carte d’identité, mon passeport et mes cartes bancaires. Il me disait que c’était pour “notre sécurité” et qu’il se chargeait des finances de manière responsable. Mais en réalité, il me privait de ma liberté et de mon indépendance.

Je n’avais plus accès à mes comptes bancaires, ce qui m’empêchait de gérer mon argent ou de faire des achats. Lorsque j’avais besoin d’argent pour quelque chose, je devais lui demander, et il me le donnait avec réticence, souvent en mefaisant sentir que je demandais trop. Il contrôlait tous les aspects financiers de ma vie, ce qui augmentait mon sentiment d’impuissance.

Les violences administratives allaient plus loin. Thomas m’interdisait de sortir sans lui. Il prétendait qu’il voulait me protéger, mais en réalité, il m’enfermait dans la maison ou parfois dans une pièce spécifique, à clé. Je ne pouvais pas sortir, ni voir mes amis ou ma famille. J’étais totalement isolée, coupée du monde extérieur.

Le confinement était souvent accompagné de privations alimentaires. Thomas ne me fournissait pas toujours de la nourriture suffisante, et parfois il m’oubliant pendant des jours entiers sans me donner à manger. Quand il le faisait, c’était avec des portions insuffisantes et des remarques dégradantes sur mon poids et mon apparence. Je me sentais affamée et épuisée, physiquement et émotionnellement.

Les moments où je tentais de discuter de ma situation avec Thomas étaient inutiles. Il rejetait mes préoccupations, me traitant d’irresponsable et de paranoïaque. Les tentatives de dialogue étaient souvent suivies de réprimandes sévères ou de punitions, comme être enfermée plus longtemps ou être privée de nourriture.

J’avais l’impression d’être un prisonnier dans ma propre maison. La peur de la réaction de Thomas me paralysait, et je ne savais pas comment échapper à cette situation. La honte et la culpabilité m’empêchaient de parler à mes amis ou à ma famille de ce que je vivais, car je me sentais coupable de ne pas avoir su éviter cette situation.

Ce n’est que lorsqu’un voisin a remarqué mon état de délabrement et a alerté les autorités que j’ai eu un déclic. La police est intervenue et a trouvé les preuves de l’emprisonnement et de la privation alimentaire. J’ai été mise en contact avec une association spécialisée qui m’a apporté une aide précieuse. Ils m’ont aidée à comprendre que ce que j’avais vécu était une forme de violence et que j’avais le droit de chercher de l’aide.

Avec leur soutien, j’ai pu quitter Thomas et commencer à reconstruire ma vie. Ils ont également facilité mon accès à des ressources essentielles et m’ont aidée à obtenir de nouveaux documents personnels. Aujourd’hui, même si le chemin de la guérison est long et difficile, je me sens plus libre et plus forte. Grâce à l’aide de l’association

« J’ai compris, j’agis », je redécouvre la joie de vivre sans avoir peur et je reprends peu à peu le contrôle de ma vie. »

Un petit mot de l’objet : « Je suis la télévision qui trônait dans le salon de Claire, et pendant des années, j’ai été son seul lien avec le monde extérieur. Elle, enfermée, séquestrée dans cette maison par un compagnon qui avait coupé tous ses contacts, n’avait plus d’amis, plus de famille, plus d’autonomie. Chaque jour, il verrouillait la porte derrière lui, la laissant seule, isolée, sans téléphone, sans internet. Et moi, silencieuse, je devenais sa seule compagnie. Lorsque la solitude devenait trop lourde, elle s’asseyait devant moi, cherchant un semblant de réconfort dans les visages et les voix qui défilaient sur mon écran. Les personnages de mes émissions et de mes films étaient les seuls visages qu’elle pouvait voir, les seuls dialogues qu’elle pouvait entendre. Ses rires et ses pleurs étaient invisibles pour le monde réel, mais devant moi, elle pouvait se laisser aller. À travers mes programmes, elle se raccrochait à une illusion de normalité, alors qu’en réalité, elle était coupée du monde, emprisonnée dans son propre foyer. »

Louis, 42 ans

« Au début, je pensais que je gérais notre situation financière et administrative de manière responsable. Avec Sophie, j’avais pris la décision de contrôler tous les aspects financiers : les comptes bancaires, les paiements de factures, et même la gestion des assurances et des documents importants. Je croyais que c’était une manière de protéger notre famille et de garantir que tout soit en ordre. Je pensais que Sophie n’avait pas besoin de s’occuper de ces détails, et je lui disais que c’était mieux ainsi pour éviter les complications.

Avec le temps, ce contrôle est devenu excessif. Je gardais tous les documents et les papiers importants dans un tiroir verrouillé, et je ne lui permettais jamais d’avoir accès à nos comptes ou aux relevés bancaires. Je justifiais cela en disant que c’était pour éviter les erreurs et garantir que tout soit bien géré, mais en réalité, c’était une manière de l’isoler et de la rendre dépendante de moi. Sophie se retrouvait complètement désarmée lorsqu’il s’agissait de prendre des décisions financières ou de comprendre où nous en étions.

Chaque fois qu’elle tentait de s’informer sur notre situation ou de participer à la gestion de nos finances, je le prenais mal. Je la critiquais et la rabaissais, lui faisant croire qu’elle n’était pas capable de comprendre les complexités financières. Je minimisais ses préoccupations et continuais à exercer un contrôle total, convaincu que c’était la meilleure manière de protéger notre famille.

Lorsque Sophie a décidé de porter plainte, cela a été un tournant brutal pour moi. J’ai été condamné à une peine de prison avec sursis, ainsi qu’à des travaux d’intérêt général. Cette expérience m’a forcé à faire face à la réalité de mes actions.

Grâce à l’association, j’ai eu l’occasion de comprendre l’impact profond de mon comportement sur Sophie. Les séances de thérapie et les conseils m’ont aidé à reconnaître que mon contrôle administratif était une forme insidieuse de violence.

Le chemin vers la réhabilitation est difficile et exigeant. Je fais des efforts chaque jour pour apprendre à déléguer les responsabilités administratives de manière équitable et à permettre à Sophie de participer activement à notre gestion financière. Le soutien de l’association « J’ai compris, j’agis » est crucial pour m’aider à évoluer et à comprendre les véritables valeurs de respect et de partage dans une relation. Mon objectif est de reconstruire notre relation sur des bases de confiance et d’équité, en espérant que je pourrai réparer les dommages causés. »

 

Un mot de l’objet : « Je suis le sac à dos de Louis, un accessoire qui pourrait sembler ordinaire, mais qui, pour sa copine, est devenu un symbole de contrôle et de privation. Dans mes compartiments, je renferme tous les papiers essentiels de sa vie : sa carte d’identité, sa carte vitale, son chéquier, son acte de naissance et même des contrats liés à leur maison. Chaque document est une pièce de son identité, mais je suis devenu le gardien de son existence, et Louis en a fait un outil d’oppression. Elle n’avait rien, chaque aspect de sa vie était enfermé en moi, hors de portée de ses mains. Louis avait créé une barrière, un moyen de la garder sous son emprise en gardant tous les éléments qui lui permettaient de vivre de manière autonome. Le fait de ne pas avoir accès à ces papiers la privait de sa liberté, l’empêchait de prendre des décisions, de sortir, de se construire. Je suis devenu le reflet de sa détresse, le poids de l’angoisse qui l’enveloppait. Pour Louis, je représentais le contrôle absolu, une façon de s’assurer qu’elle ne pourrait jamais s’échapper, qu’elle resterait dépendante de lui. Chaque fois qu’il m’ouvrait, c’était un rappel de sa domination sur sa compagne. »

Élise, 34 ans

« Quand je regarde en arrière, je vois maintenant à quel point ma colère et mon frustration ont pris le pas sur notre relation avec Antoine. Je croyais que mes gestes étaient une manière de montrer que j’étais en contrôle et que je pouvais résoudre les conflits rapidement. Je pensais que mes réactions physiques étaient une forme de communication, mais en réalité, elles ont causé énormément de douleur.

Au début, les violences physiques étaient sporadiques. Je le poussais, je le frappais parfois dans des moments de colère intense, pensant que c’était une manière de faire passer mon message. Je croyais que si je montrais ma force, il comprendrait que j’avais des raisons valables pour être en colère et qu’il devait changer. Avec le temps, ces comportements se sont intensifiés. Les coups, les bousculades, et les gestes brusques sont devenus plus fréquents, et je ne me rendais pas compte de l’ampleur de la souffrance que j’infligeais à Antoine.

Je minimisais toujours la gravité de mes actions, persuadée que j’avais des raisons légitimes pour mes excès de colère. Lorsque je lui disais que j’étais désolée après ces épisodes, je croyais que cela suffisait à réparer les dommages. Je ne réalisais pas que les mots ne pouvaient pas effacer la douleur physique et émotionnelle que j’avais causée.

Lorsque Antoine a finalement décidé de porter plainte, cela a été un choc profond pour moi. J’ai été condamnée à une peine de prison avec sursis et à des travaux d’intérêt général. Cette condamnation m’a forcée à affronter la réalité de mes actions. Grâce au soutien de l’association, j’ai pu commencer à comprendre l’impact profond de mes comportements violents. Les séances de thérapie m’ont aidée à prendre conscience des mécanismes de ma colère et à apprendre des stratégies pour gérer mes émotions de manière saine.

Le processus de réhabilitation est long et difficile. Je fais des efforts chaque jour pour changer mes attitudes, pour reconnaître les déclencheurs de ma colère et pour apprendre à communiquer de manière non violente. Le soutien de l’association « J’ai compris, j’agis » a été crucial dans ce cheminement, m’aidant à développer de l’empathie et à comprendre les conséquences de mes actions. Je suis déterminée à reconstruire ma vie sur des bases de respect et de non-violence. »

Un mot de l’objet : « Je suis le vase d’Élise, un objet qui, au départ, symbolisait l’amour et la continuité de sa famille. Lorsque son compagnon l’a accidentellement brisé, cet incident est devenu le point de départ d’un changement radical dans leur relation. Au lieu d’admettre que ses propres frustrations et insécurités étaient la vraie source de son mal-être, Élise a commencé à utiliser ce vase brisé comme une excuse. Chaque fois qu’elle se disputait avec son petit ami, elle évoquait le vase, transformant sa colère en une blâme envers lui. Pour elle, ce vase était plus qu’un simple objet : c’était une excuse pratique pour détourner l’attention de ses propres problèmes intérieurs. Plutôt que de faire face à ses émotions, elle s’accrochait à ce symbole de perte, laissant la colère et le ressentiment s’accumuler. Je suis devenu le point focal de son agacement, un objet sur lequel elle pouvait projeter ses frustrations sans jamais aborder la vraie question : son propre comportement. Le vase brisé est ainsi devenu un bouclier, un moyen d’éviter de regarder en elle- même et d’admettre ses propres faiblesses. Chaque fois qu’elle se souvenait de cet incident, elle se sentait justifiée dans sa rage, même si cela nuisait à leur relation. »

Éric, 41 ans

« Je croyais que notre relation avec Julie était basée sur un amour fort, mais je n’avais pas réalisé à quel point mon comportement était devenu destructeur. Au départ, mes gestes violents étaient sporadiques, des coups donnés dans des moments de colère ou de frustration. Je pensais que c’était une manière de relâcher la pression et de montrer mon désaccord, sans comprendre que cela avait des répercussions graves sur Julie.

Les violences physiques se sont intensifiées avec le temps. Je la frappais régulièrement, souvent sans véritable raison autre que ma propre irritation ou frustration. Chaque fois que quelque chose n’allait pas comme je le voulais, j’utilisais la violence comme moyen d’exprimer mon mécontentement. Les coups, les bousculades et les agressions physiques sont devenus une partie intégrante de notre vie quotidienne. Je croyais que Julie devait simplement accepter ces moments de violence comme des parties inévitables de notre relation.

Je minimisais l’impact de mes actions, pensant que si Julie m’aimait vraiment, elle comprendrait et pardonnerait mes excès de colère. Je ne réalisais pas à quel point ces violences affectaient profondément sa sécurité et son bien-être. Je trouvais toujours des excuses pour mon comportement, persuadé que mes émotions justifiaient mes actes.

Lorsque Julie a eu le courage de porter plainte, cela a été un choc profond pour moi. La condamnation à une peine de prison ferme a été un tournant brutal. Ce jugement m’a obligé à affronter la réalité de la souffrance que j’avais causée. Grâce à l’association, j’ai reçu un soutien précieux pour comprendre l’ampleur de mes actes. Les thérapies m’ont permis de voir l’impact destructeur de ma violence et m’ont aidé à travailler sur la gestion de mes émotions.

La réhabilitation est un voyage difficile et exigeant. Chaque jour, je fais des efforts pour ne plus laisser la colère et la frustration contrôler mes actions. Le soutien de l’association « J’ai compris, j’agis » est crucial pour m’aider à progresser et à comprendre la profondeur des torts que j’ai causés. Mon objectif est de reconstruire ma vie en me basant sur des principes de respect et de gestion saine des émotions, en espérant que je pourrai un jour réparer les dégâts que j’ai causés. »

 

Un mot de l’objet : « Je suis la veste noire d’Éric, un vêtement qui, pour beaucoup, évoque le style et la sophistication. Mais pour lui et sa femme, je suis devenu un symbole d’oppression et de violence. Lorsque Éric m’enfilait, il se sentait invincible, capable d’étouffer non seulement le corps de sa compagne, mais aussi son esprit. Chaque fois qu’il me portait, c’était un rappel du contrôle qu’il exerçait sur sa vie. Il utilisait ma présence pour instaurer la peur, pour lui faire comprendre qu’il était celui qui dictait les règles. Quand il lui retirait la veste dans ses moments de vulnérabilité, il ne faisait pas que lui montrer qu’il avait le pouvoir; il essayait de lui en faire croire qu’il était son sauveur. Mais en réalité, chaque geste était une manipulation, une façon de la réduire au silence et à la soumission. Je suis devenu le reflet de son autoritarisme, un objet chargé de douleur. Éric savait que derrière ma texture douce se cachait un potentiel de violence incommensurable. En m’enveloppant autour d’elle, il créait une atmosphère suffocante, un piège dont elle avait du mal à s’échapper. »

Sophie, 36 ans

« Je pensais que mon comportement envers Marc était justifié. Je croyais que ma colère était une réponse appropriée aux frustrations de notre vie quotidienne, et que mes gestes physiques étaient une manière d’exprimer mon mécontentement. J’avais du mal à contrôler mes impulsions, et je pensais que mes actes de violence physique étaient une manière d’affirmer ma position dans notre relation.

Les violences physiques ont commencé par des coups occasionnels, des bousculades et des gestes brusques lorsque je me sentais frustrée. Je pensais que c’était une façon acceptable de montrer que j’étais mécontente et que je voulais que Marc change certains aspects de son comportement. Avec le temps, ces gestes sont devenus plus fréquents et plus graves. Je le frappais, je le poussais, et j’utilisais la force pour exprimer ma colère, pensant que c’était une manière de rétablir l’équilibre dans notre relation.

Je ne voyais pas la gravité de mes actions. Chaque fois que Marc tentait de parler ou de défendre ses points de vue, je réagissais avec violence. Je croyais que mes comportements étaient une réponse proportionnelle à ses erreurs ou à ses manquements, sans réaliser que cela le blessait profondément. Je trouvais toujours des excuses pour mon comportement, pensant que je devais simplement réagir ainsi pour obtenir le respect que je pensais mériter.

Lorsque Marc a décidé de porter plainte, cela a été un moment de choc et de prise de conscience. J’ai été condamnée à une peine de prison avec sursis, et j’ai dû effectuer des travaux d’intérêt général. Ce jugement a été un tournant difficile. Grâce à l’association, j’ai pu commencer à comprendre la gravité de mes actions et à travailler sur mes comportements violents. Les thérapies et les groupes de soutien m’ont aidée à développer des stratégies pour gérer ma colère et à apprendre à interagir de manière respectueuse.

La réhabilitation est un chemin ardu. Je fais des efforts chaque jour pour apprendre à exprimer mes émotions sans recourir à la violence et pour comprendre les impacts de mes actions sur Marc. Le soutien de l’association

« J’ai compris, j’agis » a été essentiel pour m’aider à évoluer et à reconstruire ma vie sur des principes de respect et de non-violence. Mon objectif est de réparer les dommages causés et de créer des relations basées sur la compréhension et le respect mutuel. »

 

Un mot de l’objet : « Je suis la peluche de Sophie, et j’ai joué un rôle bien particulier dans son histoire de violence. Au départ, j’étais un symbole d’amour et d’innocence, un doudou qu’elle chérissait. Mais au fil du temps, je suis devenu l’instrument de sa cruauté. Chaque fois qu’elle était frustrée, en colère ou dans une position de pouvoir, je devenais sa cible. Sophie n’hésitait pas à me maltraiter, à me frapper et à me secouer pour exprimer son mécontentement. Elle me montrait à son copain en lui disant ce qu’elle allait lui faire subir, en utilisant mes petites pattes comme si elles représentaient la fragilité de sa victime. Cela la faisait rire, lui donnant un sentiment de contrôle sur la situation. À travers moi, elle exprimait une violence qu’elle ne pouvait pas exercer directement sur lui, tout en utilisant ma présence pour se sentir supérieure. En me faisant subir des actes de violence, Sophie projetait ses frustrations et sa colère, alimentant une dynamique où elle se sentait puissamment en contrôle. Je devenais alors un outil pour sa manipulation, un moyen d’intimider et de rabaisser, tant physiquement que psychologiquement. »

Marc, 41 ans

« Je pensais que les disputes avec Claire étaient normales et que les insultes faisaient partie du jeu dans une relation. Chaque fois que nous avions un désaccord, je réagissais avec une violence verbale intense. Je l’insultais, je la critiquais constamment et je l’humiliais en public, pensant que cela ferait bouger les choses.

Les insultes étaient souvent accompagnées de remarques dégradantes. Je lui disais des choses comme ‘tu es inutile’ ou ‘tu ne fais jamais rien de bien’. Je croyais que c’était une façon de la pousser à se comporter mieux ou de lui faire comprendre la gravité de ses erreurs. En réalité, je ne voyais pas combien cela l’affectait profondément. Je pensais que mes paroles étaient justifiées par la frustration et que cela l’aiderait à s’améliorer.

Les comportements verbaux abusifs ont commencé à affecter Claire sur le plan émotionnel. Elle se sentait de plus en plus dévalorisée et démoralisée. Je minimisais toujours l’impact de mes paroles, en pensant que ce n’était que des mots et que cela ne devrait pas avoir d’importance. Je trouvais des excuses pour mon comportement, croyant que c’était la seule manière de résoudre les conflits.

Lorsque Claire a porté plainte, j’ai été condamné à une peine de prison avec sursis et à des travaux d’intérêt général. Cette condamnation a été un choc et une prise de conscience majeure. Grâce à l’association, j’ai pu commencer à comprendre l’impact de ma violence verbale et à apprendre des stratégies pour communiquer de manière respectueuse et constructive.

Le chemin de la réhabilitation est complexe, mais je fais des efforts chaque jour pour changer mon comportement. Le soutien de l’association « J’ai compris, j’agis » est essentiel pour m’aider à développer de l’empathie et à établir des relations saines et respectueuses. Mon objectif est de réparer les torts que j’ai causés et de reconstruire ma vie sur des bases de respect et d’égalité. »

Un mot de l’objet : « Je suis le pinceau de Marc, un outil simple, mais chargé d’une signification profonde. Dans ses mains, je deviens l’instrument de ses rêves et de ses espoirs, un moyen d’échapper à la réalité troublée de sa relation. Chaque fois qu’il me prend, il commence à créer des tableaux qui racontent une histoire — celle d’un amour parfait, d’un futur radieux avec sa copine, où ils se marient et bâtissent une famille. Ces œuvres, empreintes de couleurs vives et de promesses, sont une projection de ce qu’il désire ardemment. Pour sa compagne, ces tableaux représentent un refuge, une lueur d’espoir au milieu des ombres de la violence qu’elle endure. Elle les admire, croyant qu’ils symbolisent l’amour que Marc prétend ressentir pour elle, un amour qu’elle espère sincère et durable. Mais derrière ces toiles se cache une vérité plus complexe. Si Marc se plonge dans la peinture, c’est aussi pour échapper à la réalité de leurs conflits. Chaque coup de pinceau est une tentative de camoufler la douleur et la peur, tant pour lui que pour elle. Dans cet acte créatif, il espère trouver un semblant de contrôle sur leur vie chaotique, mais il sait, au fond de lui, que ces belles images ne changeront pas la dynamique destructrice de leur relation. »